Lors du conseil municipal du 26 juin, la mise en oeuvre d’une zone à faible émission (ZFE – https://www.zonefaiblesemissionsmetropolitaine.fr/wp-content/uploads/2019/05/mgp-zfe-vrai-faux_flyer-a5_bd2.pdf) a été mise en débat. Le maire aurait pu proposer une délibération, mais c’est le groupe communiste qui s’est chargé de déposer un vœu défendant le report de la ZFE pour organiser une consultation publique… en 2021 ! Les interventions des représentants des groupes PCF et PS ont exprimé, sans manquer de mauvaise foie, une opposition à la mise en place en juillet de ce dispositif. Seuls les élus de la Fabrique Vitry en mieux ont défendu l’urgence sanitaire, sociale et écologique en votant contre ce vœu. Voici à suivre l’intervention du président du groupe Frédéric Bourdon.
Monsieur le maire :
Vous ne vous dites pas opposé à la mise en œuvre de la ZFE (zone à faible emission) et pourtant vous vous apprêtez à la repousser de deux ans.
La ZFE est un vieux principe, mis en place il y a deux ans à Paris, anciennement appelé ZCR et ZBE. Des discussions entre les collectivités et l’Etat ont eu lieu depuis plusieurs années, des réunions de travail se sont tenues…ce n’est donc pas un sujet que l’on découvre !
En novembre dernier un vote en conseil métropolitain a validé le principe d’une ZFE dans le territoire de l’intra A86, mais nos élus de Vitry ne siégeaient pas. Lors d’une réunion des maires en février aucun représentant de Vitry n’était présent : c’est ce que l’on peut appeler la politique du siège vide !
A ceci ajoutons que les propositions faites par la Métropole du Grand Paris n’ont eu aucun écho à Vitry, car la municipalité n’a pas voulu les suivre : Vitry n’a pas consulté les collectivités voisines, n’a pas ouvert de consultation publique aux habitant.e.s du 1er avril au 8 mai et n’a pas même utilisé le matériel de communication mis à disposition par la MGP (affichage, communication sur les réseaux sociaux…).
Aujourd’hui la municipalité semble découvrir le sujet et donc tente maladroitement de différer le problème en repoussant aux calendes grecques : c’est un acte irresponsable. Voici 5 raison :
- Il y a une urgence sanitaire (lors de la célébration des 100 ans de l’OPH, une intervention rappelait que dans l’entre-deux-guerres le fléau de la tuberculose tuait entre 60 et 80000 français par an. Les municipalités ne sont pas restées inactives : d’ailleurs Vitry a créé son OPH : pour créer du logement qui réponde à la question de la salubrité. Aujourd’hui Vitry décide de ne rien faire. Autre exemple : attention à ne pas reproduire le scandale de l’amiante, dont on savait la dangerosité depuis 100 ans, mais dont généralement il y a eu inaction. Aujourd’hui 64000 morts prématurés en France et plus de 6000 en Ile de France.
- Répondre à un besoin de résilience : Nous sommes en plein pic de pollution et nous savons bien qu’en régulant tout au long de l’année nous pouvons inverser les situations actuellement chaotiques.
- Il y a une urgence écologique : car l’on sait que l’usage des voitures est fortement génératrice de gaz à effet de serre, participant donc au règlement climatique : et qu’on ne nous oppose pas l’avion et le camion à la voiture : car il s’agit bien du pouvoir du maire que de réguler la circulation des voitures sur son territoire. La ville serait bien inspirée de pousser dans le sens du travail mené par la MGP et son vice-président P. Braouzec, sur le logistique et le dernier kilomètre.Qu’on ne nous parle pas d’écologie punitive quand depuis 60 ans on nous berce d’illusion douce avec le soi-disant bonheur de consommer, mêlé à la pseudo liberté de tout voiture.
- Il y a une urgence sociale : car il existe d’autres manières de se déplacer plus économique : le trajet foyer-travail est de moins de 5kms pour 60% des Vitriots. La solution des circulations douces, du covoiturage, des transports en commun : il n’y a rien de punitif là-dedans !
- L’enjeu financier : face à l’inaction de l’Etat l’Union européenne s’apprête à condamner et l’Etat finalement montre, certes tardivement qu’il est prêt à agir. Attention qu’en étant inactives ce ne soit pas les communes rétives qui ne se fassent pas condamner.
Face à cette situation et contrairement à ce que vous dites, les habitant.e.s de la Métropole ne sont pas délaissé.e.s et l’on constate de nombreux bougers ces 6 derniers mois qui doivent nous amener à pousser plus fort pour que d’autres aides soient apportées.
- L’Etat vient d’annoncer un million d’aides à l’échelle nationale jusqu’à 2022 : c’est à minima 400 millions d’€ que l’Etat met sur la table pour « aide à la reconversion » : 75% des foyers les plus fragiles (non imposables) sont concernés pour une aide moyenne d’environ 2000 €.
- Le dossier continue à s’étoffer et la ministre des transports vient d’annoncer que des pistes pour la mise en place de microcrédits avance.
- Des conventions entre l’Etat et les concessionnaires sont réalisées. Pour les ventes de véhicules entre particuliers c’est la Métropole qui se charge d’accompagner les demandes via un guichet unique.
- La Métropole prend sa part en allouant une prime qui n’est pas anecdotique (6000€) : le maximum cumulable vient de passer la semaine dernière à 17k€ avec des aides plus soutenues pour les publics les plus fragiles (en particulier les foyers non imposables).
- Nous avons la garantie que les usagers ne seront pas verbalisés dans les communes qui décident de la mettre en place. 47 des 79 communes sont partantes soit 60% des communes
Pendant ce temps que fait la ville de Vitry, si ce n’est de passer à côté de ses responsabilités ? Elle doit rattraper son retard : communiquer, informer, accompagner/ Quels dispositifs met-elle en place ? Pantin a par exemple prévu des compensations.
Nous avons deux ans pour avancer et vous devez prendre cet arrêté dès maintenant M. le maire. Bien sûr il nous faut œuvrer à associer activement les habitant.e.s., non pas uniquement pour qu’ils changent de véhicules mais à concevoir des mobilités différentes.
Je vous remercie.