Nombreux sont les citoyens engagés avec la Fabrique Vitry en mieux à s’être rendus une ou plusieurs fois et pour certains à participer activement aux rassemblements de Nuit-Debout à République.
Là-bas s’exprime et se tente la convergence des luttes, dans leur diversité d’objets et d’acteurs. Là-bas s’inventent d’autres formes d’échanges et d’organisation que celles des pouvoirs et des forces politiques installées (fut-elles de gauche et alternatives), ce qui révèle aussi l’épuisement de ces dernières et le besoin de tenir à bonne distance leur façon d’étouffer le nouveau, de tirer la couverture à elles et asséner leur discours.
Beaucoup d’entre nous rêvent que la jonction s’opère avec les villes populaires de banlieue. Ce qui se passe à ce sujet à Vitry et la façon dont cela s’organise peut-il vraiment y contribuer ? Je pense malheureusement que non et préfère dire pourquoi, quitte à m’exposer à la critique « facile à dire, t’avais qu’à t’y mettre ».
Ni procès, ni angélisme : pour que la chose se fasse il faut que certains en prennent l’initiative… Mais d’évidence, en y associant d’emblée la grande diversité d’engagements et d’implications citoyennes qui existent à Vitry, tant et si bien que cette diversité soit très visiblement identifiable pour un rassemblement d’un type nouveau. Quelque chose qui dans sa genèse soit vraiment dans l’optique Nuit-Debout, c’est à dire…irrécupérable.
« L’étiquette » Nuit-Debout n’y suffit pas : l’expérience en témoigne. Une fois la chose mal engagée, avec la section locale du PCF seule initiatrice, les choses ne peuvent aller que de mal en pis : un responsable du PC qui tient le micro et « joue » l’animateur, donnant à l’occasion son point de vue, plutôt qu’un modérateur tiré au sort, garant de règles décidées ensemble sur les temps de parole, la circulation de celle-ci, le droit de réponse d’éventuels contradicteurs, etc.
Pour avoir observé les choses à République, ne faudrait-il pas simplement commencer par le commencement : que des commissions totalement ouvertes sur « l’organisation », « les règles d’expression, de gestion du débat », « la communication », « la convergence des luttes » travaillent à formuler des propositions pour le développement de Nuit-Debout à Vitry et les soumettent au débat général de l’assemblée ?
Car à tout vouloir « tenir », on ne reproduit que ce que l’on sait faire. Je le dis sans agressivité envers les militants communistes, majoritairement animés, je veux bien le croire, du désir que le mouvement et les luttes s’amplifient. Mais en faisant ainsi, ce n’est pas que « la sauce va retomber », c’est qu’elle ne peut pas prendre.
Nul ne peut s’ériger en garant ou dépositaire de ce que doit être Nuit-Debout.
Les militants les plus aguerris doivent réfléchir avec beaucoup de modestie et une bonne dose d’autocritique s’ils veulent aider à ce que « s’autonomise » pour de vrai une Nuit-Debout de Vitry, à Vitry. Si la chose en prend authentiquement le chemin, dans leur diversité, les individus qui à l’occasion se retrouvent dans les initiatives et la démarche citoyenne de La Fabrique en seront volontiers, j’en suis certain.
Hugues Latron / Association La Fabrique.